Auto-portraits ?

Loin du miroir

je regarde je

et raconte.

Dans le miroir du jour

je peins la journée

Au-delà des miroirs

le jour et je se rencontrent

Auto-portraits comme des anti-portraits

à regarder les yeux gourmands

Un soir de maraude

Il ne fait pas très froid. Pas de vent.

Nous sommes là depuis un petit moment.

Les habitués sont venus à notre rencontre.

Un sandwich de chaque, fromage et charcuterie.

Un grand verre de soupe 

pour réchauffer, du café ou du chocolat.

Serge le référent leur donne : du pain, du chocolat, des fruits.

Certains semblent avoir organisé leur vie dans la rue !

Je ne sais où ils dorment. C"est cela qui me trouble le plus.

Dormir par terre sous des galeries.

Lorsque je bivouaque au Ventoux j'ai choisi.

Un instant de calme.

Soudain un jeune s'approche de nous.

Il marche lentement, silencieusement, sans chien.

Habillé normalement, pas l'allure d'un sans abri.

Il veut nous parler, mais il a de la peine à articuler ses paroles.

Fatigue, tristesse ou l'effet de la drogue?

Il se met à pleurer.

Avec ses deux mains il essuie ses larmes.

Avec la délicatesse d'une femme.

IL a un chapeau mode, un diamant à l'oreille, des baskets de ville.

D'où arrive-t-il?

On ne l'a pas vu arriver.

Il nous explique qu'il a perdu ses parents musulmans.

Il est rejeté par sa famille. Il ne croit pas.

"Je ne sais où aller dormir

Vous comprenez vu mon allure,

je ne peux aller dans un centre d’hébergement avec les autres."

Nous sommes tous interloqués. Même le gros Serge.

Que dire?

Je dis à Jean-Luc que cela me fait de la peine.

Lui non. J'arrive à lui faire avouer que c'est très triste.

Nous l'écoutons un bon moment. Il a froid.

Je lui donne un chocolat chaud .

Soudain il est parti. Délicatement, sans bruit par les arcades.

Où va-t-il dormir ce soir?

En rentrant chez moi j'ai mis un moment à m'endormir.

Comment en est-il arrivé à ce point de rupture?

De tous, c'est celui qui m'a le plus troublé.

Car pour moi, il est sans défense.

A-t-il besoin de se prostituer pour se procurer de la drogue?

Pour moi, il représente la peur, la détresse.

Un rien peut le faire basculer.

Je me trompe peut-être mais les autres ont l'air plus solides.

Lui a l'air vraiment seul. Cela a dû lui coûter de venir a notre rencontre.

Mais si nous avons pu lui donner un peu de chaleur.

Triste inconnu où es-tu?

Qu'es tu devenu?

Inconnu, j’espère que la vie te donnera un peu de bonheur, de force.

Que la peur te quitte.

Dur d’être différent des autres.

Christian P.