Des collages

 

 Lea-M-JPG

 

"Fleuguezeuk"

 

C’est une tomate rouge, rouge, rouge, qui tourne au rythme effréné des froissements de tissu.

Elle voltige sans s’arrêter,

quand cessera t’elle de faire retentir cette musique irrégulière d’étoffe ?

Ce chant si doux et léger qui retentit maintenant à mes oreilles m’enchante.

Le monde tourne, tourne autour d’elle, petite tomate rouge-rouge...Rouge ?

 

Changement de plan, la tomate s’allonge, s’allonge, elle devient d’un blanc mat,

se couronne de blond, se drape de noir, le rouge fleurit, devient orangé.

Un bel orangé éclatant de couleurs pastelles, qui se dégradent, qui pâlissent, qui s’opacifient.

Aquarelle...

Quel orange, si beau, si doux, il prend la femme qui danse, il prend ses bras blancs,

son visage de jeune fille.

 

Elle prend tout en riant la couleur orangée qui s’offre à elle...

Tout se passe si vite, son vêtement prend la couleur de sa peau, se raccourcit,

découvre sa chair foncée, se pare de motifs répétitifs...

Le orange prend sa peau, se propage dans son être, la femme devient souriante,

ses yeux noirs posés sur un félin.

Le regard jaune, celui ci esquisse un petit sourire niais, découvrant ses dents.

La femme sourit encore, quel joli sourire, elle, n’a pas les dents pointues.

Leur éclat m’éblouit. Détournant les yeux,

je laisse voguer mon regard vers sa chevelure de jais...

 

Noir. J’ai froid, j’ai peur, j’ai faim.

Mes yeux sont entraînés dans le noir des cheveux de la femme, je suis pris au piège.

Je me débats, je crie, mais aucun son ne sort de ma gorge.

Je ne vois plus mes doigts, ils effleurent de grands filaments d’ombre,

fins et menaçants comme des serpents...

J’entrevois une porte, une issue, je me brûle à sa froideur, j’entre.

Un être aux yeux jaunes mes regarde, le chat.

Toujours aussi heureux. Son regard me prend, je retrouve la femme.

Mais son visage a perdu sa douceur, ses yeux se voilent de noir.

Sa peau prend la couleur de la glace, son corps s’affaisse, distance.

Le froid me prend, me glace, me tue.

 

Chute, je me sens tomber, vertigineusement, dans un trou inexistant,

la femme est là sans l’être, elle me veut du mal ou elle a peur.

Je la sens menaçante, dans sa gorge s’élève un grognement. J’ai peur, je cligne des yeux.

La femme a changé, je vois ses pupilles, elle semble triste.

 

Sa peau n’est pas modifiée, mais ses vêtements sont devenus rouges.

Son attitude semble avoir changé.

Un espoir ? Un espoir ! Un petit rire s’échappe de ma gorge, cynique.

Un espoir, ce mot m’était venu.

 

Ici, il n’y avait pas lieu à chercher un espoir, non pas qu’il n’existe pas,

mais je sentais qu’il fallait que les choses restent ainsi.

Je fis glisser mes yeux le long de ses bras nus, sa main qui tient un morceau de papier.

Elle semble arracher des fragments de lumière aux murs d’un blanc si immaculé

qu’on n’y distingue l’ombre de la clarté.

Elle a les mouvements fins, doigts de fée malgré ses gestes machinaux.

Elle enlève encore un morceau de lumière.

Elle semble y avoir pratiqué un trou, un oeil, à travers, me regarde.

 

La lumière se transforme en ours avec la tête cerclée d’une ridicule couronne d’or.

La femme de la lumière s’était volatilisée. L’animal était blanc, comme la lumière.

Trop blanc, et cette parure ! Il n’y avait que les humains pour inventer pareil être.

Les animaux n’avaient jamais voulu de bijoux, seuls les hommes avaient besoin de telles choses !

 

Cet ours devait être un de leurs dieux. Malgré toute mon aversion pour cet objet,

il me fascinait, il semblait dégager de la chaleur au milieu de ce froid glacial.

Je me mis à rire à nouveau, non, quelle illusion ! Un bijou n’est qu’une marque de richesse,

ce genre de choses inutiles ! Malgré mes convictions, et malgré moi,

je ne pus m’empêcher de couler encore un regard vers le bijou.

Je remarquais qu’il était en réalité constitué de petites girafes mouvantes.

L’ours ne bougeait pas, et c’est sans crainte que mes doigts touchèrent les petits animaux.

 

Aussitôt, je me retrouvai catapulté auprès de l’une d’entre elles.

Maintenant, elle avait perdu sa petite taille et me surplombait de toute sa hauteur.

Sa tête en altitude me paraissait minuscule comparé à son poitrail que je voyais géant.

Malgré son immobilité, je la sentais bouger, tressaillir.

 

En regardant plus attentivement, je me rendis compte que chacune de ses taches

était une petite image changeante et colorée.

J’en touchai une, au hasard, et me rendit compte qu’autour de moi,

des millions de petites et grandes choses s’activaient, tournaient joyeusement.

Je ressentais leur allégresse, allant de l’un à l’autre, courant à en perdre haleine...

 

Un point rouge en périphérie de mon regard m’arrêta.

Je me tournai, curieux, vers la source de la couleur.

Devant moi, une tomate rouge croissait rapidement.

Autour, d’autres légumes semblables sortaient de terre.

Et bientôt, une marrée de tomates m’entourait, m’encerclait.

 

Des tomates à perte de vue, qui tournaient dans le bruit continu d’un froissement d’étoffe...

 

Léa M.

Atelier "Des mots d'ado."

 

 

 Hélène A. 

 

« Il y a des moments magiques à déguster pleinement »

   

Lorsque le téléphone a dérangé le silence, j’étais aux portes du sommeil. Dans mon jardin de Provence, j’avais posé ma chaise longue au milieu des fleurs pour profiter d’une sieste et me blottir dans le dedans de mon écorce chaude. J’avais fermé les yeux pour retrouver les clés de mes paysages et de mes souvenirs, le couloir des souvenirs d’enfance, lorsque, petit garçon, je passais les jours de vacances heureuses et insouciantes, où je m’inventais des aventures, je poussais des portes imaginaires, je partais pour des tours du monde sur des mers calmes, vers des îles mystérieuses où le vent court à brise abattue.

 

Dans mon coin de jardin, en ce bel été, le silence avait fait silence. Pas envie de revenir à la réalité, de décrocher le téléphone et me raccrocher au présent.

 

Et pourtant, la sonnerie insistait ; j’ai tendu le bras et appuyé sur le bouton qui allait me reconnecter au monde. Et j’ai entendu ta voix, très loin, pleine de sourires et de bonheur. Si longtemps que tu ne m’avais plus appelé, tu avais tant de choses à me dire. Je te laissais parler, je t’écoutais me raconter tes voyages, la danse folle de tes espoirs, tes rencontres, les bonheurs que tu avais partagés.

 

Pendant que tu parlais, l’espoir renaissait en moi, je comprenais que tu allais me revenir, je revoyais les fleurs distraites de ton corps, tu redevenais une étoile à portée de ma main. Sous le bleu du ciel, je me suis plu à nous imaginer à nouveau main dans la main, partir sur un nouveau chemin, à l’heure où le ciel apprend par cœur les couleurs du matin.

 

Il y a des moments magiques à déguster pleinement. 

 

Hélène A.

 

 

 

      Michèle dM 

 

« Il y a un monde imaginaire »

 

Au-delà des barreaux de sa cellule, le présumé terroriste, nouvellement arrivé à Guantanamo et revêtu de la combinaison orange, les fers aux pieds, rêvait ou plutôt, s’appliquait à rêver. C’était un refuge contre la folie, dans ce silence fait de silences, où il avait été enterré. Le gardien avait remarqué qu’il avait déjà de la nuit dans le regard et qu’il pourrait partir loin dans le couloir des souvenirs d’avant. 

 

Ahmed avait décidé de s’agripper à ses sensations pour ressentir qu’il faisait toujours partie du monde des vivants.

 

Il s’était assis sur ce tabouret dans une posture de méditant, concentré sur sa respiration. « Ecoute maintenant », se disait-il. Et là, les sons du violon de Katia, la première soliste de l’orchestre israélo-palestinien, créé par Daniel Barenboïm, filait à ses oreilles comme des oiseaux cherchant leur chemin. Il était tombé amoureux de cette étoile ; mais après une longue absence due à une mission périlleuse auprès de la guérilla indonésienne, il avait déclaré sa flamme ! Hélas, sans retour. Il ne pouvait pas encore renoncer à ce genre de vie si exaltante. Cachée dans la jungle inextricable, Yubbahma, petite et gracieuse, dirigeait une troupe de jeunes recrues qui l’adoraient comme une mère. Elle participait aux tâches quotidiennes, à la corvée de bois aussi bien qu’elle leur apprenait le maniement des armes. Son courage et sa détermination s’exprimaient avec un sourire sur des phrases sibyllines comme : « les oiseaux sont sûrs d’être oiseaux ».qui les faisaient réfléchir et qui éclairait cet enfer vert.

 

Les visages appliqués de ces deux dernières femmes le hantaient. Il continuait à écouter sa mémoire, mais les images de ses voyages et missions autour du monde s’y associaient avec force : le doux clapotis d’un lac tanzanien reflétant le bleu du ciel près duquel un campement de réfugiés se dissimulait ; le piétinement sourd des troupeaux d’éléphants au pied du Kilimandjaro ébranlant la savane ; le monastère Sainte-Catherine se confondant avec l’écrin des montagnes d’ocre rose du Sinaï, oasis de prière où les moines orthodoxes feignaient de croire à la paix éternelle en pleine zone de conflits …

 

Il aurait bien besoin de toutes les douceurs de la mémoire de ce monde réel ou imaginaire, qui alimentaient ses peintures dans son ancienne vie, pour survivre à cette violence où il venait d’être enseveli.

 

Michèle V.M.

 

 

      Jocelyne G.  

 

Voyage, 

 

Dans la salle de cinéma, où le noir vient de s’installer, des images lumineuses d’un désert de bout du monde défilent sur l’écran…encore un jour et son soleil brulant.
Une pub torride d’un footballeur tatoué façon aborigène mais dont le corps parfait évoque le premier monde me vient tout à coup à l’esprit…la chaleur peut être !

Là,  dans cette salle noire et froide, des effluves de grand large de lumière et de sable sont venues s’installer entre l’écran et moi.
Tous ces voyages dans ma tête et au bout de mes pieds, tous ces ailleurs qui auront bien du mal à se passer de moi…..
Bien sur j’ai déjà « baroudé » mais certains coins du monde me restent étrangers.
Et toujours tiraillée entre le voir pour voir et le voir pour aider, j’étais plus restée là à lire mes chères histoires, à hurler sur le monde et ses atrocités, repliée sur moi-même, mais sûre de résister.
Suspendue par un fils au dessus du voyage, j’allais là maintenant libérer l’élastique et pointer sur le globe l’endroit où atterrir.
La nuit dans le regard, mais le monde dans les yeux, je voyais des couleurs et des soleils du sud, là où les gens comme nous marchent la tête en bas, où les gâteaux de fleurs sur les marchés locaux dressent de grandes couronnes.

Mais les mots ont à dire, des femmes sur l’écran parlent de résistance, mon oreille les entend au creux de mon silence.
J’entrouvre l’un de mes yeux, elles sont toutes voilées et portent des fusils. Le regard est violent, l’eau qui dort se réveille…..C’est là que je veux être, au cœur d’un nouveau monde, couloir du souvenir qui me ramène à mes vingt ans fougueux.
Les yeux tout grands ouverts mais fermés sur la nuit, je m’efforce de trouver un lieu qui m’apaise et m’enchante. Me vient la baie d’Along, et sa douceur divine, le silence fait silence, le sampan glisse en moi.
Je vais au fond de moi pour chercher le partir, à la pointe du bateau, je guette le grand large…

Et  j’entrouvre les yeux,

 je te vois dans le noir, je m’approche de ta joue pour y poser ma tête 

Ma bouche toute proche dépose sur ton cou un petit reste de mon rêve, et de clarté salée d’une larme échappée.

 

Jocelyne G.

 

 

      Elisabeth G. 

 

« Dans les nuits sans fond de ma mémoire les crabes des souvenirs s’agrippent avec force ».

Moi, je sais ceux que  je veux retrouver plus tard, extrêmement plus tard.

Pour l’instant je cherche les portes, les clefs de ces paysages qui me poursuivent et m’entraînent toujours plus loin, comme le vent qui court à brides abattues.

Parfois il me suffit d’une étoile pour vouloir traverser le désert, aller à la rencontre d’autres soirs, de nuits si pures de chants irréels.

Rencontrer le ciel en marchant pieds nus et crier ses mots.

Tout à dire.

Et au petit matin, éveillée par le chant vert de l’oiseau qui cherche son chemin,

Repartir à tire d’aile.

Dépasser les tropiques, flotter sur la canopée, aspirer tout ce vert, se gorger de chlorophylle.

Puis mitonner toute la fraîcheur des palmes et des rizières avec un peu de rosée du désert,

Bien doser les épices de la vie.

Enfermer le tout dans la grande marmite et conserver sans date de péremption.

 Pour plus tard, extrêmement plus tard, quand devenue vieille dame indigne j’oserai inviter dans ma cabane tous les enfants chahuteurs des mercredis sans entrave.

Alors, à l’heure du goûter, ils réclameront la confiture d’aventures sur les tartines de rêves, celle qui est bien cachée au fond de la marmite.

 

Elisabeth G.

 

 

      Dominique D. 

 

Les oiseaux volent dans ma tête et les rires éclaboussent en cascade jusqu’au fond de l’espace. Des enfants joyeux dansent dans la lumière et le courage de vivre me revient tout à coup, la lumière éblouit mes envies. Tout devient facile à laisser couleur la vie en soi, fracasser les écluses, éclater de joyeuses folies, dans l’incandescence des feux d’artifice de gazouillis… migration alors des oiseaux dans ma tête, jusqu’à la joie de mon cœur. Chaleur et harmonie dans mes yeux et douceur tranquille dans tout mon corps alangui.

 

Une petite étoile de glace miroite en catimini, elle danse subrepticement dans l’espace du monde et s’offre avec courage aux regards froids. La lumière jaillit soudain et l’étoile de glace étincelle comme un bijou précieux, facile à accrocher, éclat joyeux d’un rêve enfin réalité. Les gazouillis chatouillent l’âme enchagrinée et s’épanchent dans les forêts sombres. La chaleur des rêves printaniers nous entraîne vers une petite danse et l’étoile file et ouvre pour le cœur un chemin de douceur céleste, jusqu’à la joie.

 

La trace d’un songe sur les rives du monde, empreinte des voyages, espaces ouverts, grandes épopées témoins de grands courages, aventures sans fin, lumière qui jaillit du fond de nos ténèbres, décors faciles pour les rêves les plus fous. S’embarquer dans l’aventure, côtoyer les rires joyeux des plus fous d’entre nous, s’encanailler du matin au soir, puis être réveillé par des gazouillis d’étranges perroquets. Dans la chaleur du sable, oser poser de nouveaux pas autour des bordures océanes, et se laisser bercer dans la douceur étrange des vagues enivrées.

 

Une douce musique céleste jaillie des étoiles descendait lentement jusqu’à nous, dans cet espace un peu cotonneux. Plus besoin de courage, elle pouvait se délester et la lumière jaillir avec impétuosité ; comme c’était facile de s’émouvoir et de se laisser porter. Lente danse pétillante et joyeuse du cristal de chaque note dans nos oreilles heureuses alors… Plus de chagrins noirs dans mon cœur, rien qu’un gazouillis d’oiseaux nouveau-nés, blottis dans la chaleur du nid douillet amoureusement façonné. Et la douceur de vivre qui vient de s’installer.

 

Un nuage comme un matelas soyeux pour accueillir nos rêves ensoleillés  d’imaginaire, défile dans l’espace azuré. Il traîne avec courage des pluies à reverdir le désert. La lumière s’est tue et le nuage explose en une pluie d’étoiles qu’il est facile d’observer dans la pénombre touffue. Toutes ces poussières magiques font un ballet si joyeux. Des gribouillis stellaires en gazouillis lunaires, une myriade d’étincelles éclairent nos cœurs obscurs et nous caressent avec une douceur infinie.

 

Tricote les idées neuves, inverse les tendances. L’espace est renouvelé sans cesse des pensées labiles et le courage des cœurs à retenir dans un ballon de rêves roses. Quand le rêve met ainsi tout à l’envers, une lumière d’espérance nouvelle éclot. La vérité s’offre facile et tendre comme dans une rêverie joyeuse et partagée. C’est comme un gazouillis, une musique dans ma tête, une chaleur dans mes pieds, une candeur dans mes mains. La douceur du monde caresse à l’infini l’épopée terrestre.

 

Dominique D. 

 

 

 Christian P.

 

 

Dans les tiroirs de ma mémoire il y a de la musique jazz.

Dans le silence de mes pas, j'avance sur ce chemin qui longe un petit ruisseau où de l'eau coule.

Des oiseaux chantent. Il y a des feux d'artifices de bonne humeur.

J'arrive au sommet d'une petite bosse. Un bouquetin m'observe.

Que vient faire ce personnage ici ?

Un pauvre cow-boy égaré, solitaire. Je suis dans mon jean préféré.

Délavé, usé, une seconde peau, je suis bien dedans.

Dans ma chambre une photo de vélo, le peleton monte un col.

C'est le col de la colombières, je l'ai gravi à vélo. C'est le col de la région.

Au début dans la forêt, ensuite là-haut c'est le désert.

Virage après virage j'arrive au sommet à bout de souffle, mais quelle joie.

Descente tranquille. Dans la plaine je pédale comme poussé par le vent.

Au bord d'un lac je suis devenu photographe.

J'aime les portraits de femmes en noir et blanc.

Celui de cette femme avec de grands yeux noirs. Quel regard !

En passant à Cluses, un cirque. Des artistes s'entraînent.

Une femme fait le dos au mur. Je devrais m'entraîner pour voir le monde à l'envers.

Hier soir j'ai vu un film : Gatsby.

Cette femme qui baisse les yeux semble intimidée par les paroles de Gatsby.

Quelle douceur, son visage, ses habits.

Je suis né avec les dents de la chance. On le dit !

Noah 'Vanessa. Je ne suis pas célèbre mais heureux. Une étoile brille pour moi là-haut.

Un taxi me double. Il est jaune comme à New York.

Déjà quinze ans, pour le Marathon.

Quelle ville. Sur le pont des milliers de coureurs.

Il y a encore de la place pour d'autres rêves.

 

Christian P.

 

 

 Jacqueline P.

 

Dans notre période actuelle il y a trop de choses invraisemblables. Par exemple la nuit, alors que tout est calme, où l’oreille écoute aux portes du sommeil, dans une maison à 3h 45 un père console sa fillette Mireille qui vient de faire un cauchemar ; elle a peur du monstre qu’elle voit dans sa chambre.

Dans la pièce voisine règne le calme, tout est apaisant. Le père se souvient, alors, qu’il avait mal dormi une nuit, car son épouse avait acheté un matelas trop mou et il avait alors souhaité en acheter un autre plus confortable.

Puis il pensa que demain il amènerait Mireille, sa fille, et Nathan son fils, faire des dessins pour les occuper, les distraire. Ils feraient des cadeaux pour leur maman. L’enfant finalement se calma, les couleurs du matin commençaient à se voir. En allant se recoucher il aperçut le canapé confortable et s’y allongea un moment.

Enfin c’était le jour et son sourire. Il faisait beau, c’était l’heure du déjeuner. La maman alors demanda : « Bonjour, tout le monde a bien dormi ? »

Mireille cria : « Non, j’ai mal dormi, j’ai fait un cauchemar ». Nathan soupira : « Moi j’avais faim, j’ai rêvé de mes céréales ». Le père bougonna « J’ai dû consoler Mireille et pas dormi, J’ai essayé après tous les lits de la maison ».

Seule la maman avait bien dormi et elle ferma les yeux en savourant sa crème préférée.

Les couleurs du matin se confirmaient ; encore une journée et son soleil. Il fallait maintenant organiser cette journée en espérant que tous les quatre feraient des choses vraisemblables avec le sourire.

 

Jacqueline P.

 

 

 Anne Rp

 

Il y a de vieux grimoires venus du fond des âges qui racontent l’histoire du très grand baobab. Ceux qui lisent les signes sur les vieux parchemins la partagent encore aux saveurs de mémoire.

 

Ainsi, disent-ils, à l’heure où les songes dansent dans les âmes, un baobab à la chevelure caressant les étoiles, a rêvé l’eau du monde.

 

Quand le jour a offert les couleurs du matin

il a lentement dansé ses racines

sur les chemins de terre ocre

dans le sourire du soleil

et la clarté du silence

dans son regard les paysages

se sont nourris de fleurs

il s’est alors souvenu des jardins de son sommeil

et sa mémoire l’a guidé au sommet des grandes falaises

sculptées dans la mer du ciel

 

frémissements

sous son écorce chaude

première vague de joie sur sa route

 

C’est alors qu’un oiseau

lui a chanté d’autres désirs

Pieds nus il a marché plus loin

jusqu’aux arbres couverts d’automne et veilleurs de fleuves.

 

Il s’est assis longtemps avec eux

racontant son voyage

évoquant ses frères, loin à présent d’une si longue absence.

 

Il a appris d’eux

des bateaux possibles

pour aller d’écume en écume

et le départ l’a repris.

 

L’oreille collée à la planète

il a suivi le chant des baleines

connu des montagnes à fleur de nuages

découvert des parfums d’iode

partagé des sourires de marins

il s’est bercé de la douceur des ressacs

gorgé de flots au large des embruns

repu du flux et du reflux des marées sous la lune

 

Son cœur alors

lui a redit sa terre

la voix de ses ancêtres

l’amour des siens.

 

Dans les couloirs du retour

il a avancé ses racines

jusqu’à eux.

 

Mot à mot avec un bruissement doux

il leur a murmuré son histoire

qui depuis lors

va de mémoire en mémoire

pour dire le possible de la beauté des rêves vécus.

 

Anne Rp.

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